Avec la généralisation du télétravail en temps de pandémie, de nombreux employeurs ont été tentés d’espionner leurs salariés. Certains ont même franchi la ligne. En réponse, les déplaceurs de souris connaissent une popularité grandissante.

La crise sanitaire liée à la Covid-19 a été un accélérateur sans précédent pour la mise en place du télétravail dans un grand nombre d’entreprises, partout dans le monde. Sa généralisation a été une source d’inquiétude pour les entreprises et les manageurs, qui pour certains n’ont plus eu leurs salariés sous les yeux du jour au lendemain. Et lorsque la confiance n’est pas là, la situation peut pousser à la surveillance exacerbée. Les salariés doivent être informés des actions mises en place pour mesurer leur activité et l’espionnage n’est pas autorisé, ce qui n’empêche pas l’usage de stratagèmes plus ou moins complexes par de nombreuses entreprises.
Tant et si bien que, en France, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) avait dû se saisir du sujet en fin d’année 2020. La Cnil avait ainsi rappelé que la surveillance devait être “proportionnée” et ne pas “porter atteinte au respect des droits et des libertés des salariés”, une obligation de loyauté s’imposant. Tout dispositif doit être présenté aux salariés, souvent avec l’accord de leurs représentants, et les outils les plus intrusifs doivent systématiquement faire l’objet d’une analyse d’impact. Ainsi, demander à ses salariés d’être filmés ou sur écoute en permanence ou encore utiliser des logiciels pour surveiller l’activité de leurs claviers et souris est strictement prohibé.
Courseur inactif = problème
Cela ne décourage pas certains employeurs d’utiliser ces fameux keyloggers pour voir si les salariés sont bien installés devant leur ordinateur de travail. Les Américains appellent cela le “Bosswear” — ou les outils du patron —, et c’est ce qui nous intéresse ici. Car pour lutter contre cet espionnage, de plus en plus suspecté et parfois bien réel, des salariés s’équipent de petits appareils faisant artificiellement bouger leur souris. Cela permet de garder le curseur actif et de ne pas éveiller les soupçons et, selon les adeptes de cette solution, c’est également pratique pour que les messageries d’entreprises ne virent pas au statut “absent” dans le cas où l’on resterait éloigné trop longtemps de son PC.

Vice, qui a consacré un article à ce phénomène, cite l’exemple de Leah dont la vidéo sur son utilisation d’un déplaceur de souris publiée sur TikTok est devenue virale. “La dernière chose que je voulais dans ces moments-là, c’était d’être paranoïaque à l’idée que les gens pensent que je ne travaillais pas — d’autant plus que j’avais l’impression de travailler plus que jamais”, explique-t-elle. Comme la Cnil, l’Electronic Frontier Foundation qui milite pour la protection de la vie privée condamne fermement l’utilisation de ce type de logiciels. L’association parle d’une façon de faire invasive, inutile dans une immense majorité de cas, dangeureuse pour la santé mentale des salariés et totalement contraire à l’éthique.
Des solutions plus ou moins originales
Bien sûr, si la généralisation du télétravail a fait exploser les conflits de ce genre en entreprise, les problématiques liées à la surveillance des télétravailleurs ne datent pas d’hier. Nombreux sont les adeptes de ce mode de travail à avoir dû s’arranger des velléités de surveillance diverses et variées des employeurs, surtout à une époque où la pratique était d’autant moins répandue. Vice relate à ce titre les tentatives plus artisanales de télétravailleurs pour la mise en place de déplaceurs de souris, fabriqués avec des planches de bois ou des Lego, et de petits moteurs.
